REF (agri) culture - BRUCE EESLY à Arles 2024 - Fermier du futur, l'IA au service du photographe

Publié le mardi 20 août 2024 | Anecdote

L'article source : https://www.rencontres-arles.com/fr/expositions/view/1552/bruce-eesly

Coup de coeur pour l'exposition de Bruce EESLY aux Rencontres de la photographie 2024 à Arles

1 juillet - 29 septembre 2024 -10H00 - 19H30- Espace Croisière

A propos de l'auteur

Né en 1984 à Berlin, Allemagne
Vit et travaille à Berlin, Allemagne.

Bruce Eesly est artiste visuel et jardinier. Travaillant à partir de photographies, d’archives et d’images générées artificiellement, son travail brouille les limites entre faits et fiction afin de perturber les récits historiques communément acceptés. Il s’intéresse au statut de la photographie à l’ère de l’IA et à son rôle dans l’élaboration de notre relation au monde naturel. En tant que jardinier, son travail est nourri par une curiosité pour l’histoire et les impacts de l’agriculture industrielle ainsi que les absurdités de notre culte de la technologie. Il considère le jardinage comme un acte politique et sa pratique se situe dans le prolongement de cette conviction.

Le fermier du futur

Les photographies qui illustrent les brochures et les rapports d’activité des entreprises agricoles depuis un siècle suggèrent que la révolution verte est un véritable succès : la culture abondante de variétés de maïs à haut rendement est applaudie face aux maigres récoltes de l’agriculture traditionnelle. De nouvelles machines effectuent le dur labeur à la place de celles et ceux qui se réjouissent de n’avoir plus qu’à les piloter. Plus une seule mauvaise herbe à l’horizon. Les résultats se déploient sous nos yeux. Mais est-ce là l’entière vérité ?

Le fermier du futur [New Farmer] se présente comme une collection de photographies documentaires des années 1960, qui semblent retracer la trajectoire sans faute de la révolution verte : des manipulations génétiques permettent d’obtenir de nouvelles variétés de cultures, qui produisent à leur tour des récoltes plus abondantes et qualitatives. Au fil du récit, cependant, des failles apparaissent. Les images franchissent de peu les limites du crédible, jusqu’à finalement verser dans l’absurdité la plus totale. Bien loin des prétendues photographies historiques, les images sont en réalité générées par l’IA. Le récit lui-même, bien que ressemblant à des événements réels, est inventé de toutes pièces : dans cette version alternative, il ne s’achève pas dans d’immenses champs de monocultures, mais avec des légumes géants.

Mêlant habilement humour et absurde, Le fermier du futur explore la façon dont les images contribuent à la fois à façonner et à observer l’histoire, tout en interrogeant le récit dominant de la révolution verte. Le projet examine notre rapport extractiviste à la nature et invite le public à jeter un regard critique sur sa place dans la biosphère, ainsi que sur les répercussions de ses actions.

Bruce Eesly

Écrit par :

Jenn Stéphan

responsable incubateur MASA – MASA

jennifer.stephan@agriculture.gouv.fr

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